L'Habitat Participatif dans la Loi ALUR

L'Habitat Participatif a été reconnu officiellement en 2014, par son inscription dans La Loi pour l’Accès au Logement et à un Urbanisme Rénové (loi ALUR) adoptée le 24 Mars 2014.



Une définition commune

et partagée de l’Habitat Participatif


La loi ALUR propose la définition de l’Habitat Participatif suivante :
Art. L. 200-1. – L’Habitat Participatif est une démarche citoyenne qui permet à des personnes physiques de s’associer, le cas échéant avec des personnes morales, afin de participer à la définition et à la conception de leurs logements et des espaces destinés à un usage commun, de construire ou d’acquérir un ou plusieurs immeubles destinés à leur habitation et, le cas échéant, d’assurer la gestion ultérieure des immeubles construits ou acquis.

En partenariat avec les différents acteurs agissant en faveur de l’amélioration et de la réhabilitation du parc de logements existant public ou privé et dans le respect des politiques menées aux niveaux national et local, l’Habitat Participatif favorise la construction et la mise à disposition de logements, ainsi que la mise en valeur d’espaces collectifs dans une logique de partage et de solidarité entre habitants.

Cette définition a été travaillée en amont de la promulgation de la Loi, avec l’ensemble des acteurs de l'habitat participatif dont Habitat Participatif France. Elle identifie clairement le champ d’innovation sociale de l’Habitat Participatif.





Création de deux types de Sociétés d’Habitat Participatif par la Loi ALUR


📃 Les deux nouvelles formes juridiques ci-dessous ont été créées dans le cadre de la Loi Alur en 2014, avec l'ambition de répondre aux besoins des groupes pour se structurer et réaliser l’opération de construction et de gestion de leur habitat participatif :

La Coopérative

d’habitants

👉 En propriété collective : Les coopérateurs ont le double statut de locataire (versant une redevance mensuelle) et d'associé de la société.

Le financement du projet est porté par la société qui lève des fonds par un emprunt collectif (environ 80% du coût du projet) et par les apports des coopérateurs qui correspondent au capital.

Une fois le projet livré, la coopérative rembourse les prêts grâce à la redevance versée par les coopérateurs et provisionne afin de répondre à ses obligations de propriétaire (taxes foncières pour le bâti, charges diverses, provisions grosses réparations,etc.).

La gouvernance démocratique (une personne = une voix) repose en grande partie sur les provisions grosses réparations réalisées, les décisions de travaux dans le bâti n’entraînant pas d’investissement individuel complémentaire, chaque coopérateur finançant en quelque sorte l’usure qu’il produit dans son logement. À son départ, le coopérateur peut récupérer ses apports initiaux actualisés au coût de la vie (et donc indépendant de la valeur du marché) et selon les cas, une partie de ses redevances (part dite « acquisitive »).

Ce système permet à toute personne d’entrer dans la coopérative indépendamment de ses capacités d’emprunt et éventuellement de ses fonds propres. Elle adapte le coût d’usage, ou part loyer de la redevance non récupérable (par opposition à la part acquisitive), aux capacités financières des coopérateurs.

La Société d’Attribution

et d’Autopromotion

👉 Plus proche du modèle de l’accession à la propriété.

Dans le cas de la SAA, les familles associées doivent apporter l’intégralité des fonds correspondants au logement qu’ils vont occuper ensuite (le plus souvent grâce à des prêts individuels). Une fois l’immeuble construit, la société peut ou non perdurer pour la gestion de l’immeuble. Les logements sont attribués à chaque famille en fonction des parts qu’elle possède dans la société.

Il est possible choisir une « attribution en jouissance » qui permet à chacun d’occuper son logement, tout en restant propriétaire collectivement de l’immeuble avec l’ensemble des autres associés. Dans ce cas, à son départ de la société, l’associé pourra revendre ses parts au prix qu’il fixera avec l’acquéreur. Toutefois, le nouvel acquéreur devra être «agréé» par les autres associés qui pourront ainsi faire perdurer l’esprit d’origine du projet.

Dans ces deux sociétés, le législateur a prévu la possibilité d’associer un organisme HLM à hauteur de 30 % maximum des parts. Il reste à adapter les conditions d’attribution de ces logements locatifs afin que leurs occupants puissent être pleinement associés au projet.


Sécurité juridique

et financière pour les habitant.es


Etant donné le caractère innovant de ces nouvelles sociétés et afin de protéger les citoyens de montages immobiliers hasardeux, la Loi ALUR a également introduit certains garde-fous.

Ces dispositions communes aux deux types de sociétés ont été rédigées en accord avec l’ensemble des partenaires en faveur de la loi (bien que le principe de garantie d'achèvement obligatoire soulève des questions qui restent à régler) :



- Une responsabilité limitée : Art. L. 200-5 « Les associés des sociétés régies par le présent titre et constituées sous la forme de société civile ne répondent des dettes sociales à l’égard des tiers qu’à concurrence de leurs apports ».
- Un objet immobilier défini : Art. L. 200-7 « Chaque société d’Habitat Participatif limite son objet à des opérations de construction ou de gestion comprises dans un même programme, comportant une ou plusieurs tranches, d’un même ensemble immobilier ».
- Une garantie d'achèvement : Art. L. 200-8 « Chaque société doit également justifier, avant tout commencement de travaux de construction, d'une garantie permettant de disposer des fonds nécessaires à l’achèvement de l’immeuble, dont la nature et les modalités définie par décret en Conseil d'État ».