Voisin'Ages, à Saint-Macaire-en-Mauges
« On veut être inspirants, on répond dès qu'on le peut aux demandes de l’extérieur, et il y en a beaucoup ! »
Entretien avec Eliah, Dominique et Cécile, habitant·es de Voisin’Ages
Les habitant·es de Voisin’Ages se sont installé·es dans les murs de leur habitat participatif tout neuf, il y a peu, au printemps 2024. « On vient tout juste de vivre nos premières saisons ensemble, premier été, automne et hiver, c’est une belle expérience !»
Le projet d’habitat participatif Voisin’Ages a émergé fin 2016 à l’initiative de trois foyers, un couple, la mère de l’un d’entre eux, et un autre couple ami. Au fil des années, le petit noyau dur a été rejoint par d’autres foyers pour former au final un collectif de 10 foyers. La plupart sont du coin des Mauges, dans le Maine et Loire : « beaucoup d’entre nous se sont rencontrés autour de l’AMAP ou de l’école dans laquelle Cécile était enseignante, beaucoup sont des parents d’élèves. »
Les Voisin'Ages
- Le groupe : 16 adultes et 9 enfants ; groupe intergénérationnel de 6 ans à 72 ans.
- Commune et territoire : Saint-Macaire-en-Mauges (49), commune rurale déléguée
- Type d’habitat : logements neufs et maison commune des années 1990
- Date de début du projet : Fin 2016
- Date d’entrée dans les murs : printemps 2024
Chacun et chacune est arrivé·e dans le projet, au fil d’un cheminement individuel, avec son histoire et son appétence personnelle pour le participatif. Pour Eliah par exemple, « j’avais depuis longtemps cette envie de vivre en habitat partagé. Et pour être tout à fait franche, la vie ici c’est encore mieux que tout ce que j’avais imaginé ! » Pour Cécile, cela a été plus progressif : « j’avais vu un stand sur le projet d’habitat participatif, et m’étais d’abord dit « super, mais ce n’est pas pour moi ! » (rires) « Finalement la curiosité l’a emporté et j’ai intégré le projet avec beaucoup d’énergie et d’enthousiasme. »
La crise de la COVID, accélérateur du projet collectif
En 2019, le groupe acquiert, à Saint-Macaire-en-Mauges, un premier terrain avec une maison des années 1990, qui deviendra ensuite la maison commune, puis, en 2021, un terrain adjacent pour construire les logements des futur·es habitant·es. Le tout est acquis sous le statut de la coopérative d’habitant·es, avec une garantie du prêt bancaire par la Mairie, très soutenante : « Au début du projet, ils nous voyaient un peu comme des originaux. On a mis du temps à être pris au sérieux par les élus, mais à force d’échanges et de discussion, ils ont fini par croire en notre projet. La Mairie s’est portée garante de notre prêt bancaire, et nous avons eu le permis de construire rapidement. »
La crise de la Covid en 2020 a ensuite été un accélérateur et un moment charnière pour le groupe. Les sessions confinées de travail en visio se sont démultipliées pendant cette période, avec un groupe d’habitant·es très leader : « On allait plus vite que les architectes », précise Eliah en riant.
A contrario, les temps qui suivent, marqués par l’augmentation des taux d’emprunts et des coûts de construction, sont un gros coup dur pour le groupe : « nous avions décidé de tout faire faire, et ne voulions pas passer par l’auto-construction ni l'auto-finition car nous n’avions pas le temps et les compétences au sein du groupe. »
En juin 2022, une réunion de crise est organisée au sein du collectif pour voir comment faire face à cette explosion des couts qui met en péril le projet : « On a alors fait le pari collectif de continuer et qu’on allait réussir. On s’est dit que c’était trop fort ce qu’on vivait ensemble pour arrêter. On se souvient toutes et tous très bien de ce au moment où s’est dit qu’on continuait, qu’on s’adapterait, qu’on trouverait une solution collective. Il y avait beaucoup d’émotions dans cette décision de groupe. Et finalement, on a fait beaucoup plus d’auto-construction que prévu. »
Le groupe a alors organisé des chantiers collectifs, chacun·e s’est formé·e progressivement en mettant la main à la pâte : « tout le monde s’est mis au bardage, et ceux qui ne pouvaient pas faire le bardage ont fait la tambouille. C’était très fort, on a eu de l’aide de l’extérieur, de nos familles, des ami·es, etc. Cette expérience nous a beaucoup soudé·es ».
Au cœur du projet : le vivre ensemble et le statut de coopérative par conviction
Le projet a été monté dès 2019 en SAS coopérative, accompagné par la structure Atcoop pour les statuts, et par l'Echo-habitant. La coopérative Voisin’Ages possède le terrain et le bâti, et 8 logements sur 10 sont en PLS. Un prêt relai de la coopérative Oasis a par ailleurs été d’une grande aide pour les propriétaires plus âgés, ne pouvant pas emprunter en attendant de vendre leur maison. Le statut de coopérative d’habitant·es a été choisi par conviction : « on aimait bien le fait de ne plus être des propriétaires individuels et d’être dans un système de gouvernance où une personne égal une voix. On aimait aussi le principe de non-spéculation et l’absence de prépondérance puisque tout est validé par la coopérative. Cela permet aussi de « protéger » le projet pour être sûrs que quand certain·es d’entre nous partiront, les personnes qui les remplacent soient dans les mêmes valeurs participatives et non-spéculatives ».
Un autre dénominateur très fort du projet : la volonté de vivre ensemble, chevillée au collectif. Pour Eliah et Dominique : « ce qui nous soude depuis le début dans le groupe, c’est le vivre ensemble. Notre accompagnatrice de projet, nous a parlé d’une communauté de destins, du fait qu’on était faits pour vivre ensemble à ce moment-là, et cela s’incarne au quotidien avec beaucoup de solidarité depuis le début du projet. Avant de se lancer dans les travaux, on a fait beaucoup ensemble : au-delà des réunions, manger ensemble, aller visiter d’autres lieux, suivre des formations ensemble… On se connait bien maintenant. » « La Charte qu’on a mis en place est aussi très importante pour le vivre ensemble et se mettre d’accord. »
La solidarité se diffuse aussi auprès des groupes d’habitant·es et collectifs en projet : « On veut être inspirants, on répond dès qu'on le peut aux demandes de l’extérieur, et il y en a beaucoup ! ». Au local, Voisin’Ages est en lien avec d’autres coopératives d’habitant·s des Pays de la Loire pour mutualiser les connaissances et savoirs juridiques et financiers.
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La Coopérative Voisin’Ages recherche encore des coopérateurs pour participer au projet, dans l’objectif de consolider la structure en cas de vacance de logement et pour finaliser les espaces communs en cours (Jardin, garage à vélos, finitions, atelier commun, etc.)
👉 Les structures de l’habitat participatif dans le Maine-et-Loire :
Echafauder
HEP 49
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Contact : contact@habitatparticipatif-france.fr