Ilot Effel à Malaunay : emménagement et premiers pas en habitat participatif

17.05.2023

L’aventure de l’Ilot Effel, petite école réhabilitée à Malaunay en Seine-Maritime, a débuté il y a sept ans, en 2015, quand Agnès, Dominique, Denis et Soizic décident de monter un projet d’habitat participatif. Depuis février 2023, c’est un nouveau chapitre qui vient de s’ouvrir avec l’installation progressive du petit groupe de douze adultes et quatre enfants, constitué dans un souci de mixité d’âge. Cinq foyers ont en effet plus de 60 ans, et les quatre autres moins de 45 ans.

Mais alors, comment se passent les premiers pas du collectif dans son habitat participatif après plusieurs années à monter, concevoir, penser le projet ?

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Un emménagement dans les lieux progressif


On aurait pu penser que toutes et tous arriveraient au même moment, mais c’est progressivement, doucement, un peu de camping par-ci, la panne de la chaudière par-là, que les habitantes et habitants de l’Ilot Effel ont pris leurs repères dans leur nouvel habitat partagé. L’emménagement s’est fait en priorisant d’abord les personnes qui étaient locataires dans leur précédent logement ou les familles avec des enfants en bas âge.

Pour Ani, arrivée avec son époux, « l’arrivée s’est faite dès mars dans des conditions parfois un peu précaires [notamment à cause de la panne de chaudière] mais je suis tellement contente d’être là que ce n’est pas très grave. »



Pour Flora, intermittente du spectacle en région parisienne, il reste encore des travaux à finaliser dans son appartement mais elle est « ravie de pouvoir camper chez elle en attendant de finaliser les travaux. »

« Ce que je trouve super dans cet emménagement un peu étalé dans le temps, c’est qu’on peut s’appuyer sur ceux qui sont déjà là, qui proposent une soupe, un coup de main, ou dormir chez l’un ou chez l’autre. Ça aussi, çà a créé et renforcé les liens entre nous. »

Les premiers pas in situ du collectif : solidarité et équilibre à trouver


L’emménagement au sein de l’Ilot Effel a permis d’éprouver dès les premiers instants ce que provoque l’habitat participatif in situ. La solidarité s’y est exprimée dès le départ par le partage d’outils, de connaissances et de savoir-faire pour les travaux. Les aménagements successifs des habitant.e.s ont aussi permis de faire connaissance avec les ami.e.s et les familles des uns des autre : « un moment très sympa qui renforce aussi le collectif », pour Dominique.

Pour Flora « l’entrée dans l’habitat participatif c’est un fonctionnement un peu comme au cirque. Chacun a sa roulotte, les espaces communs sont le cercle dans lequel tout le monde se retrouve, mais on ne rentre pas dans la roulotte du voisin, on s’aide, on s’entre-aide, on apprend à se connaitre, on découvre un quotidien et on apprend à le partager dans l’espace commun. »



Construire les relations et le quotidien du groupe dans son nouvel habitat, c’est aussi et surtout trouver progressivement des habitudes pour vivre-ensemble mais aussi chacun.e chez soi. A l’Ilot Effel, toutes et tous sont d’accord sur le fait que « l’essentiel est de trouver l’équilibre entre vivre chez soi et vivre en commun. Des fois, ça se fait très spontanément, des fois c’est un peu plus difficile et çà prend plus de temps. C’est un équilibre de vie à trouver au quotidien et qui se construit petit à petit. » Pour Hélène, le groupe s’est constitué sur des valeurs fortes (l’écologie, la solidarité). Vivre ensemble, cela veut aussi dire s’acclimater aux pratiques différentes au sein du groupe et ne pas craindre le regard de ses voisins sur ses propres pratiques.

Toutes concluent : « On se parle beaucoup et depuis longtemps, il y a une vraie confiance dans le groupe. On a le sentiment serein que ce groupe va fonctionner et fonctionne déjà, et que tout va se fluidifier naturellement avec le temps. »

La vitesse de croisière, l’équilibre du groupe, entre la vie du collectif et le « chez soi » au quotidien est en construction, avec une vraie nécessité exprimée de se rencontrer, échanger, partager et mutualiser.


Et l’investissement des communs, comment çà se passe ?


Dans les premiers temps, ce sont d’abord les appartements de chacun qui ont été investis. Après quelques mois, les communs commencent à se remplir de vie et cela change naturellement la donne. Au départ, « On n’avait pas vraiment pas formalisé ce qu’on ferait des espaces communs, mais on savait que la salle commune était nécessaire et importante. Maintenant, on les investit progressivement, les choses se font au fur et à mesure », précise Hélène.

L’été arrive, les réunions du collectif qui ont été instituées une fois par semaine dans la salle commune se feront désormais dans la cour de l’école réhabilitée. Les missions de jardinage permettent aussi le papotage, la mise en commun et les échanges sur les communs en devenir.

Ani conclut : « c’est comme si on habitait à L’Ilot Effel depuis toujours. Les relations, les activités qu’on partage avec le groupe, c’est au-delà de l’habitat. »



Merci à Ani, Agnès, Dominique, Flora et Hélène, habitantes de l’Ilot Effel à Malaunay (76) pour le temps consacré à la réalisation de cet entretien, réalisé pour Le Fil des Communs, newsletter sur le quotidien en habitat participatif, destinée aux habitant.e.s ou futur.e.s habitant.e.s


Plus d’infos sur l’Ilot Effel sur l'observatoire des Oasis et Habitats Participatifs en France. Et pour suivre l'Ilot Effel dans ses nouvelles aventures, c'est ici !

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