« Organiser des chantiers participatifs, c’est aussi une manière de sensibiliser à l’habitat participatif »

27.07.2023

Magnyéthique est un éco-lieu et habitat participatif situé à Cublize, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Lyon. Ancienne propriété du syndicat des employés de la ville de Lyon, ce château de 2 000m2 était, il y a quelques années encore, un lieu de colonie de vacances. En 2019, un groupe d’habitantes et d’habitants en fait l’acquisition, avec l’objectif de le réhabiliter pour le transformer en éco-lieu et l’habiter collectivement. Après quatre années à organiser des chantiers participatifs, le groupe est désormais bien rodé à l’exercice. L’année dernière, en 2022, l’éco-lieu a accueilli pas moins d’une centaine de volontaires sur six mois.

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Entretien avec Katia, habitante de Magnyéthique, habitat participatif et éco-lieu à Cublize (69)


Des chantiers participatifs pour apprendre et transmettre avant tout


Pour Katia, « les chantiers participatifs permettent avant tout aux volontaires d’apprendre des techniques spécifiques, tels que les enduits à la chaux par exemple. Ce sont des chantiers courts, d’une demi-journée à quelques jours. Nous accueillons aussi des volontaires en Wwoofing, qui restent avec nous pour une durée de minimum trois semaines, le temps de l’immersion, de se familiariser avec le terrain et d’apprendre les techniques permacoles ».

En 2019, les chantiers participatifs ont débuté avec le « Collectif des arpenteurs », un groupe de jeunes actifs lyonnais, anciens de l’école Sup’écolidaire, intéressés par les techniques de construction écologiques et la permaculture, venus à plusieurs reprises aider pendant les travaux à Magnyéthique. Par la suite, grâce à l’inscription des chantiers sur la plateforme Twiza le nombre de volontaires sur les chantiers participatifs n’a cessé de se développer : « on accueille des volontaires aux profils assez variés, mais c’est souvent un public plutôt citadin, de jeunes actifs, qui souhaitent apprendre et mettre les mains dans la terre. On reçoit aussi pas mal de personnes qui font un tour de France des alternatives. »

Parfois aussi, des personnes viennent participer à un chantier et apportent leurs propres compétences. C’est notamment le cas de ce « jeune charpentier qui était venu pour un chantier participatif sur un autre sujet, et nous l’avons fait revenir pour monter un escalier. Il a fait un boulot incroyable. Il a tout géré : il a fait les plans et est resté pendant un mois à encadrer en parallèle d’autres personnes qui étaient venues pour un chantier charpente. »

« On a aussi eu des pros de la plomberie, de l’électricité. On a régulièrement des gens qui sont très doués de leurs mains et qui sont OK pour partager leurs compétences en échange d’autres apprentissages. »

Se rencontrer et sensibiliser sur l’habitat participatif


Pour Katia, l’important est d’accueillir avec « un vrai souci de la transmission, de la relation humaine et de l’apprentissage ».

«Les chantiers participatifs, c’est aussi une histoire de rencontres entre le lieu et les gens. On essaye de créer du lien, des échanges, que les gens vivent un vrai moment humain. On privilégie des temps de rencontres avec les volontaires autour de soirées-jeux ou projections-débats. Parfois un bœuf musical quand il y a des musiciens. En été, on part tous en soirée baignade au lac. On a aussi créé de vraies amitiés avec certains

La meilleure illustration de tout cela est surement le cas de deux personnes venues à Magnyéthique dans le cadre des chantiers participatifs en 2019, et qui ont finalement choisi de s’installer et d’intégrer le groupe d’habitants.

Beaucoup de volontaires viennent aussi pour découvrir ce qu’est l’habitat participatif : « le chantier participatif est un vrai vecteur d’information et de sensibilisation sur l’habitat participatif. Les volontaires peuvent participer à nos réunions plénières du mercredi soir par exemple. Certains sont déjà dans une dynamique de création de groupes et en profitent pour se renseigner et s’inspirer pour leur propre projet. » « Plusieurs personnes sont venues sur des chantiers, ont découvert l’habitat participatif, puis sont revenues plus tard, pour des sessions de travail avec leur groupe dans le cadre d’un projet qu’elles ont monté ensuite

Accueillir des volontaires : une vraie responsabilité collective


« Au début, dès qu’une personne souhaitait venir, on disait oui : on était tellement ravis d’avoir des énergies volontaires avec nous ! ». Les chantiers participatifs s’enchainaient alors quasiment tous les weekends et non-stop pendant l’été. « Mais désormais, on a décidé de s’organiser autrement pour ne pas s’épuiser. On doit parfois dire « non » pour protéger la vie de notre collectif. » « Quand on est un Magnet, même si on ne participe pas aux chantiers, on est toujours sollicité, et on n’arrive pas à décrocher complètement. A moins de partir, ce qui nous imposait de quitter le lieu pour prendre un vrai repos. »

Riche de ces quatre années d’expérience en la matière, les chantiers sont désormais organisés de manière à respecter le rythme du groupe et à accueillir les volontaires dans les meilleures conditions possibles. Les chantiers sont concentrés pendant des périodes définies en amont. Les weekends ne sont plus travaillés et deux semaines de pause sont planifiées entre juillet et aout.

Deux « référents chantiers » sont par ailleurs désignés pour chaque chantier avec l’objectif de planifier les matériaux nécessaires, encadrer les volontaires, et faire le suivi. Un référent est également dédié à l’accueil des personnes extérieures. Magnyéthique se prête par ailleurs parfaitement à l’accueil de volontaires, puisqu’il y a « deux dortoirs d’une vingtaine de lits sont disponibles et le terrain est assez grand pour accueil tentes et camions. »

Pour Katia « il faut se sentir responsable de l’accueil. Si personne dans le groupe ne peut être responsable pour accueillir un chantier, on dit non. On est vraiment organisés pour que les chantiers se déroulent dans des conditions optimales pour les volontaires et pour nous. On profite désormais de la période calme en hiver pour se poser, planifier les chantiers, être plus centrés sur la vie du groupe. Ce qui nous permet d’accueillir, partager et faire ensemble avec les volontaires pendant tout l’été, qui reste vraiment la haute saison de l’accueil, des chantiers de réhabilitation et des activités permacoles à Magnyéthique.»

Pour en savoir plus sur Magnyéthique


Site de Magnyéthique : https://magnyethique.org/
Pour participer au prochain chantier participatif du lundi 7 au vendredi 18 août 2023 : https://magnyethique.org/page/wwoofing_chantiers/
Pour visiter le lieu : rdv le 23 septembre 2023 de 14h à 17h dans le cadre des Journées Portes Ouvertes de l’Habitat Participatif https://magnyethique.org/page/visites/

Pour aller plus loin sur le sujet
« Logement social et autoconstruction, oui c’est possible », l’exemple des Pipistrelles de la Durance (13) : https://www.regain-hg.org/logement-social-et-autoconstruction-oui-cest-possible/

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Ce texte a été publié dans le "Fil des communs", newsletter d'Habitat Participatif France, dédiée aux habitant.e.s et futur.e.s habitant.e.s en habitat participatif.
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